• OMOHIDE POROPORO, Only yesterday

    Ce film des studios Ghibli est l'une de leurs productions le plus atypique, réalisé par Isao Takahata et non par Hayao Miyazaki, il s'agit de l'adaptation d'un manga auto-biographique de Hoaru Okamato et Yûko Tone. Omohide poroporo - souvenirs au compte goutte - est une oeuvre destinée à un public japonais et non international, c'est peut-être pour cette raison que Buena Vista International tarde à le distribuer notamment en France, "l'autre pays du Japon".
    Nous allons parler dans cet article, de l'histoire du film et de son aspect japonais.

    Le scénario d'Omohide poroporo est très particulier et peut-être divisé en deux parties. L'une regroupant les souvenirs de l'héroïne, étant l'adaptation du manga de Hoaru Okamato et Yûko Tone ; l'autre composé de scènes actuelles faisant le liant entre ses souvenirs, posant la réflexion du film.

    A travers les souvenirs de Taeko Okajima, l'héroïne, on plonge dans le Japon des années fin 1960, âgé d'environ 15 ans à l'époque. Taeko se remémore des événements clé de sa vie, comme sa puberté, et ses camarades d'enfance. On suit sa vie de famille, avec ses deux soeurs aînées, ses parents et sa grand-mère. Dès son plus jeune âge, son comportement rebelle et excentrique, ne jamais faire comme tout le monde, la place dans une situation rabaissante. Comme par exemple, lorsque petite elle surprends une conversation entre ses soeurs et sa mère, l'idée qu'elle est tombée dans les escaliers étant plus petite peut-il expliquer le fait qu'elle ne sache pas diviser des fractions...

    A contrario, les autres scènes du film se passe dans les années fin 1980. On y retrouve une Taeko âgée d'environ 30 ans devenue une "office-lady" modèle, partant faire un voyage dans la belle famille de sa soeur aînée vivant à la campagne.
    Elle profite de ce type de séjour pour goûter à la vie rurale, en participant notamment à la récolte du riz ou à la cueillette du safran tinctorial, fuyant ainsi le monde urbain et moderne des mégalopoles nippones.

    Au cours de son trajet et de son séjour, elle va réfléchir sur sa vie, une vision, une phrase, une situation, va être un élément déclencheur, lui rappelant un souvenirs de son enfance. Telle une chrysalide sortant de son cocon pour vivre sa propre destiné de papillon. Ce voyage permet à Taeko de faire le bilan de son existence, et de prendre une décision qui va changer le cours de sa vie.

    Au niveau de l'histoire, il n'y pas d'action, pas d'aventure, on suit juste l'héroïne pendant ses vacances, et en profite pour faire un point sur sa vie et évoluée.

    Penchons-nous maintenant sur l'aspect japonais de ce film.

    Le film est parsemé de références socio-culturelles propres au Japon.
    Comme par exemple, la grand-mère vivant avec ses enfants et ses petits enfants, le père silencieux et seul leader de la famille, les émissions télévisuelles, la gymnastique effectué en début de journée, les élèves nettoyant leurs salles de classes, le dessin des amoureux sur le mur. Mais aussi le chef de l'héroïne signant ses congés avec son sceau, le shinkansen - TGV japonais - etc... Cet ensemble de référence montre qu'il s'agit d'un film pour les japonais.

    En dehors de ces repères, Omohide poroporo permet aux spectateurs de voir deux visions totalement différentes du Japon. D'un coté, le monde moderne et urbain des gigantesque ville, en effet le film s'ouvre sur la vue d'un gratte-ciel. De l'autre la campagne japonaise avec ses champs, ses montagnes et ses maisons basses. Le réalisateurs profite du temps du trajet de Taeko pour réaliser la transition entre ces deux mondes. Comme si en France on effectuait le trajet "quartier de la grande Arche de la Défense" à Paris jusqu'à "Saint Martin de la lieue" - petit village du Calvados, en plein bocage normand -.

    La campagne japonaise présente dans ce film permet de faire découvrir un autre aspect du Japon, trop peu vu dans la masse d'anime disponible. Le réalisateur en profite même pour nous faire découvrir la récolte du safran, production marginale mais à forte valeur ajoutée, ainsi que le début de la transformation de la cueillette, et se de façon quasi-documentaire.
    Ainsi la vision d'Omohide poroporo est riche en enseignements car le film montre des aspects du Japon trop peu vu dans l'ensemble de l'animation japonaise.

    Au niveau des idées véhiculés dans cette oeuvre, deux messages forts sont distillés.
    Le premier concerne le comportement humain, le carcan des attentes de la société ne doit pas mouler, diriger, la destiné d'un être humain, et l'héroïne durant son voyage en prend conscience et confirme sa rébellion depuis sa tendre enfance face à cela.

    Le second message est un peu le leitmotiv des oeuvres des studios Ghibli, car il s'agit de la relation entre l'homme et la Nature. Tout comme Nausicaä de la Vallée du vent, il est question aussi de développement durable, abordé par deux aspects essentiellement. D'une part par l'évocation de la filière de l'agriculture biologique, production agricole biologique et y compris la prise de conscience des consommateurs. D'autre part par l'osmose existante entre les agriculteurs et la Nature, là où un citadin verra un paysage naturel par l'omniprésence de "vert", à contrario un agriculteur verra le travail accompli par ses aînés, tels que l'arrangement des champs en bocage, un taillis forestier bien entretenu, etc...

    En conclusion, Omohide poroporo n'a pas trop vieilli, même si le film date de 1991, car pour nous occidentaux, il nous montre un aspect trop oublié du Japon, sa campagne profonde, loin des villes surpeuplées et des zones touristiques. De plus en filigrane de l'histoire, le réalisateur explique de façon documentaire et en parfaite harmonie avec le scénario, les étapes de la transformation du safran de la cueillette à sa commercialisation.
    Le mot de la fin, pour ceux voulant plus de détails, aller voir le dossier très complet fait sur Buta-connection présent à cet endroit et pour vous faire un premier avis voici une galerie de captures d'écran. Sans oublier, la possibilité de voir le film en streaming sur dailymotion partie 1 sur 4 ; partie 2 sur 4 ; partie 3 sur 4 ; partie 4 sur 4 et pour trouver un tracker-torrent du film, fouillez par ici.


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